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Stèle-Naos de Montouhotep

Moyen Empire, XIle dynastie, règne de Sésostris ler (v. 1956 1911 av.J.-C) 

La petite stèle-Naos A 42a été taillée dans un bloc de cal caire parallélépipédique aux faces dressées avec soin. Sur la face principale a été creusée une niche rectangulaire, peinte à l'origine en bleu lapis, dans laquelle a été réservée l'effigie en haut relief d'un homme debout, les mains posées à plat sur les bords du long pagne à devanteau saillant. Le torse laisse apparaître trois lourds plis de chair au-dessous d'une poitrine adipeuse.

 
Comme sur d'autres statues du Moyen Empire, un liseré souligne le départ du cou. Il est difficile de caractériser le visage mutilé du personnage: un gros éclat a emporté toute la partie supérieure et une large section de la moitié gauche du crâne, jusqu'à l'oreille: nez et yeux sont très érodés. La bouche droite, aux lèvres charnues, est soulignée d'un trait noir évoquant une fine moustache. 
Les oreilles, larges et décollées, encadraient un crâne apparemment rasé. La niche est encadrée de deux colonnes de texte orientées de la droite vers la gauche dont les signes gravés en creux étaient à l'origine peints en bleu lapis. 


Elles donnent, après une brève formule d'adoration à Min, l'identité du personnage: 

1) «Vouer des adorations, se prosterner pour Min qui réside à Abydos 

2) par le noble prince, le responsable des choses scellées Montouhotep, juste de voix. » 

Le «responsable des choses scellées» Montouhotep est un personnage bien connu du début de la XIle dynastie. Il a exercé cette haute charge de l'Etat - qui équivaut à la direction du Trésor - dans la seconde moitié du règne de Sésostris ler, après l'an 22. 
Parmi les multiples attributions attachées à cette fonction, il a notamment supervisé les chantiers royaux dans les temples de Karnak et d'Abydos. 
Sur la grande stèle cintrée qu'il a consacrée dans ce dernier site, Montouhotep porte, outre ses titres habituels et un grand nombre de titres honorifiques, celui de vizir. Cette occurrence unique laisse supposer que le rang de Vizir (et non la fonction) a pu lui être concédé à titre honorifique à un moment de sa carrière, selon une pratique attestée sous le règne même de Sésostris Ier pour quelques gouverneurs provinciaux. 

La tombe de Montouhotep a été identifiée en 1988, tout près de la pyramide de Sésostris 1er à Licht : sous le vaste mastaba, le caveau renfermait encore son sarcophage en granit dont les parois intérieures étaient revêtues d'un décor peint aux couleurs éclatantes. 
Ce sont toutefois les quelque dix statues que Montouhotep a dédiées dans le temple d'Amon à Karnak qui ont assuré jusqu'à aujourd'hui la célébrité du dignitaire. En grès, en calcite ou en diorite, elles montrent Montouhotep assis dans différentes postures, muni ou non d'accessoires de scribe qui illustrent ses responsabilités administratives. 

Les têtes préservées ont le crâne ras et trois plis de graisse marquent systématiquement son torse nu. Ces deux détails, que partage le petit monument d'Avignon et qui confirment ainsi l'identité de son propriétaire, sont transposés en deux dimensions sur la stèle CG 20539 : ils caractérisent clairement l'iconographie de Montouhotep. 

En raison de la mention de Min «qui réside à Abydos», la stèle-Naos provient certainement de ce site où Montouhotep, à l'instar de plusieurs de ses contemporains, aurait élevé une chapelle votive à proximité du temple d'Osiris-Khentimentyou. On peut rattacher à cette chapelle la partie inférieure d'une stèle fausse-porte actuellement conservée à Boston (MFA 1980.173). 
En revanche, la stèle CG 20539, exceptionnelle par ses dimensions (H. 1,90 m), par le décor du cintre de type royal (titulature de Sésostris ler), par la longueur et la nature de ses textes inscrits sur les deux faces, n'appartenait sans doute pas à cette chapelle. Comme d'autres stèles analogues, privées et surtout royales, elle devait se dresser soit dans l'enceinte même du temple, soit le long de la voie processionnelle qui menait chaque année le dieu Osiris vers la nécropole royale des premières dynasties où les Egyptiens du Moyen Empire avaient localisé sa tombe. 

Le type même de la stèle-Naos ornée d'une effigie en haut relief n'est pas très répandu, particulièrement au début du Moyen Empire. La formule d'adoration à Min « qui réside à Abydos» est également rare sur les stèles de cette époque, alors qu'elle est très fréquente de la fin de la XIle jusqu'à la XVIIe dynastie. 

Enfin, la présence même du dieu Min à Aby dos est surtout documentée à la fin du Moyen Empire, où le dieu, sous sa forme syncrétique de Min-Horus-le-victorieux (Min-Hor-nakht), incarne alors le principe monarchique triomphant de la mort et se perpétuant pour l'éternité. 

Malgré ses dimensions modestes, la stèle-Naos d'Avignon s'inscrit bien, par sa facture de qualité et ses caractéres originaux, dans la lignée des monuments qu'a laissés a la postérité le « responsable des choses scellées» Montouhotep.

 

 L.P

Présentation de l'œuvre

Date

Moyen Empire, XIle dynastie, règne de Sésostris ler (v. 1956 1911 av.J.-C) 

Lieu

Probablement Abydos 

Caractéristiques

Matières

Calcaire

 H. 377; l. 22,8: pr. 23,2 cm 

Traces de polychromie :brun rouge sur le pourtour de la face antérieure du monument (sans doute moderne):signes hiéroglyphiques, listels d'encadrement et fond de la niche montrant d'importants restes d'une pâte aujourd'hui pulvérulente et grisâtre, à l'origine peinture sans doute bleue: moustache du personnage soulignée d'un trait noir; restes d'un enduit d'apprêt en plusieurs endroits de la face antérieure de la stèle

Données spécifiques

Numéro d'inventaire

A42

Musée d'accueil
Musée Lapidaire
Provenance

Achat de L'institut Calvet à Lunel en 1823

Bibliographie et expositions

Bibliographie

Fastueuse Egypte
Sous la direction d'Odile Cavalier

Catalogue de l'exposition - 25 juin au 14 novembre 2011.
Avec la collaboration scientifique de Jean-Claude Goyon et Lilian Postel, 
Paris, Editions Hazan, 2011

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