
Ecce Homo
XVIe siècle
Luis Morales, maître maniériste profondément espagnol, qui fut surnommé « El Divino » en raison du mysticisme de sa peinture, a créé cette peinture mettant en scène "l'ostentation du Christ". Jésus est ici mis en avant par l'isolement de son esprit divin, sans bourreaux, badauds ou Pilate, lesquels sont l'exemple de la soumission totale au plan divin. Son regard, d'où s'échappe une larme, exprime la compassion que lui inspirent ceux dont il endosse les souffrances.
Ce tableau est, par sa beauté et sa rareté, un des trésors nationaux faisant partie de la collection Puech.
C'est l'"ostentation du Christ" qu'a représentée le peintre dans ce tableau d'oratoire propre à la dévotion personnelle commandé par quelque fervent catholique. Dans l'isolement de son destin divin, le Christ nous est montré. Sans les bourreaux, ni les badauds ni Pilate ; exemple de la soumission totale au plan divin. Le terrible regard, d'où s'échappe une larme, exprime, avec cette tristesse insondable propre à l'âme espagnole, la compassion que lui inspirent ceux dont il endosse les souffrances.
L'art et la carrière de Moralès se développent de façon synchrone avec ceux de sainte Thé¬rèse d'Avila (1515-1582) dont il illustre à merveille le sentiment religieux, elle qui proposait à ses carmélites des méditations sur la Passion du Christ. Dans son Chemin de Perfection, on lit au chapitre XXVIII :
"Voyez comment, au milieu de toutes ces angoisses, il est persécuté par les uns, couvert de crachats par les autres, renié, délaissé par ses amis, sans que personne prenne sa défense, transi de froid et tellement isolé... Il tournera vers vous ses yeux si beaux et si compatissants, tout remplis de larmes. Il oubliera ses souffrances pour consoler les vôtres, uniquement parce que vous allez chercher de la consolation près de lui et que vous tournerez la tête vers lui pour le regarder."
La maniérisme très tendu de Moralès dans nombre de ses œuvres aux thèmes répétitifs, apparaît ici, en dépit de la musculature douloureusement saillante du cou et des bras, adouci par un sfumato qui dénote une influence italienne chez cet élève du maniériste flamand Pedro Campaner ; le musée du Prado, Madrid, conserve une toile semblable avec quelques variantes. L’art du « divino » atteint là une grandeur poignante ; cette réserve, cette intériorité, si éloignées de l’expressionnisme du Greco, font de Moralès, selon Paul Guimard, le père « spirituel » de Zurbaran.
Hauteur : 73cm
Longueur : 51cm
Présentation de l'œuvre
XVIe siècle
Caractéristiques
Huile sur toile
Huile sur toile
Données spécifiques
23591
Don de Marcel Puech à l'Institut Calvet en 1986
Bibliographie et expositions
« Marcel Puech : Une vie- un don », [catalogue d’exposition] Œuvre collective sous la direction de Marie-Pierre Froissy-Aufrère ; Ed. Avignon, Fondation du Musée Calvet, 1995, 248 p.